top of page

Sida : « Les jeunes se contaminent plus qu’avant »

Le Guide de la PrEP de AIDES - Cliquez sur l'image pour l'ouvrir

« La philosophie de Michel Ohayon ? Mieux vaut prévenir que guérir. Ce médecin spécialiste de la lutte contre le VIH, considère donc la PrEP comme un vaccin. Entretien.

Fondateur du centre de santé sexuelle Le 190, à Paris, où sont actuellement suivies 457 personnes sous PrEP, âgées de 19 à 69 ans, Michel Ohayon, 55 ans, a commencé sa carrière aux débuts de l’épidémie du sida, dans les années 1980.

La PrEP, est-ce une révolution médicale dans la lutte contre le sida ?

La prévention médicamenteuse des maladies, on fait ça depuis une éternité : avec la Malarone pour prévenir le paludisme par exemple, ou avec les vaccins. La PrEP, c’est un médicament qui joue le rôle d’un vaccin. La révolution, elle, est dans la manière de penser l’épidémie. Encore trop de personnes sont dans l’illusion que 100 % des gens ont une sexualité protégée par le préservatif. C’est une légende dorée. La PrEP, ce n’est pas de la philosophie, c’est du pragmatisme pur et dur. C’est regarder la réalité de la vie des gens : admettre qu’il y en a qui prennent des risques. On ne doit pas mettre tout le monde sous PrEP, seulement ceux dont l’environnement fait qu’ils sont très exposés au VIH, quoi qu’ils fassent.

L’épidémie du VIH chez les jeunes gays est-elle symptomatique d’un échec de la prévention ?

Les jeunes se contaminent plus qu’avant. Le VIH circule, notamment chez les moins de 25 ans, et aussi dans les milieux favorisés. Depuis cinq ans, ça me frappe. Ils viennent de familles aisées, font de grandes écoles… Pour eux, le sida, c’est pour les vieux ou les pauvres. Comment voulez-vous qu’ils aient le même regard sur le sida que ces générations qui ont vu les gens en mourir ? Ils commencent à piger que le VIH existe et se traite. Mais chez eux, la PrEP n’est pas encore développée. Il y a un travail à faire.

Le relâchement du préservatif vous effraie-t-il ?

Le phénomène de relâchement de la prévention par le préservatif chez les gays a lieu dans le monde entier, au même moment. La réalité, c’est qu’on se protège moins qu’avant : ça, c’est la vraie vie, et nous, médecins, devons faire avec. Cela traduit quelque chose d’ordre sociétal : l’épidémie a changé, les générations se sont succédé. La révolution sexuelle s’est interrompue chez les gays avec l’arrivée du sida. Il y a aujourd’hui un désir des nouvelles générations de reprendre la révolution sexuelle là où elle s’était arrêtée dans les années 1980, et de fermer la parenthèse du VIH.

Que dites-vous à un « prépeur » sur l’utilisation du préservatif ? Contrairement à un grand fantasme qui circule, on ne met pas les gens sous PrEP pour qu’ils arrêtent le préservatif. On le fait parce qu’ils ne se protègent déjà pas ! On s’honore d’avoir mis sous PrEP des gens qui étaient contre, mais dont la sexualité à risque le recommandait, en tout cas de manière transitoire. On sait très bien que la PrEP est une alternative au préservatif, ne soyons pas hypocrites.

Quels sont les effets secondaires du médicament ?

La PrEP est bien tolérée. Il peut y avoir quelques troubles digestifs. On surveille particulièrement les reins et les os. La toxicité du Truvada est inférieure à la toxicité du VIH

La PrEP est-elle fiable à 100 % ? (*)

Non, pas à 100 %. Si vous ne montez pas en voiture, vous n’avez pas d’accident ! Les meilleures études donnent 86 % d’efficacité à la PrEP. Si le traitement est bien suivi, les échecs sont rarissimes.

Vous êtes devenu pro-PrEP…

Je ne suis pas pro-PrEP, je suis anti-VIH. Je caresse un fantasme : le VIH est apparu quand j’étais en première année de médecine. J’ai 55 ans. J’aimerais, avant de prendre ma retraite, voir l’épidémie complètement étouffée.

Etes-vous optimiste pour vaincre le sida ?

J’en suis convaincu. On a les moyens de mettre un terme à l’épidémie, même sans vaccin : grâce à davantage de dépistages, à la PrEP, et à la mise sous traitement des personnes séropositives qui, du coup, ne transmettent plus le virus. On ne le dit pas assez : les séropositifs traités ne sont pas contaminants. Le vrai drame d’être séropositif, c’est de ne pas le savoir. En ciblant bien les populations à risque, on arrive à une réduction du virus. »

(*) Addendum : Selon le Professeur Jean-Michel Molina, "[l]’essai ANRS Ipergay a montré la très grande efficacité de la PrEP sur le plan individuel ; elle serait voisine de 100 % lorsque le traitement est pris de façon optimale."

Pour plus d'information sur la PrEP, contactez-nous via notre page Facebook ou rapprochez-vous de l'association AIDES ou du CeGIDD près de chez vous. N'hésitez pas non plus à consulter le Guide le PrEP.

Featured Posts
Recent Posts
Archive
Search By Tags
Pas encore de mots-clés.
Follow Us
  • Facebook Basic Square
  • Twitter Basic Square
  • Google+ Basic Square
bottom of page